Il y a 80 ans, en pleine Seconde Guerre mondiale, un groupe de visionnaires s’est réuni à Chicago pour imaginer un avenir où l’aviation servirait à unir les gens plutôt qu’à les diviser. De cette rencontre, le 7 décembre 1944, est née l’Organisation de l’aviation civile internationale.
Ce mois-ci, alors que nous célébrons la Journée de l’aviation civile internationale, il est bon de se rappeler que leur ambition allait bien au-delà des avions : ces pionniers voulaient bâtir des systèmes sûrs, équitables et durables, au service de l’humanité. Aujourd’hui, cette vision évolue de manière remarquable.
En septembre dernier, j’ai eu la chance de faire partie d’une mission de la Canadian Advanced Air Mobility (CAAM) à Bromont, au Québec, et à Burlington, au Vermont. Ces visites m’ont permis de découvrir comment certaines entreprises transforment l’aviation, et comment celle-ci peut améliorer concrètement les soins de santé, les communautés et la planète.
Sauver des vies
Chez Unither Bioélectronique, à Bromont, nous avons vu leur technologie de conversion à l’hydrogène en action. Leur mission, « voler pour la vie », reflète leur objectif de livrer des organes biogénétiques aux patients qui ont besoin d’une transplantation. La technologie à l’hydrogène constitue l’une des approches permettant de rendre cette ambition viable à grande échelle.
À Burlington, BETA Technologies nous a présenté une autre facette de cette révolution. Fondée en 2017 à la suite d’un défi lancé par Unither, soit de concevoir un aéronef sans émissions pour la livraison d’organes, l’entreprise développe des aéronefs électriques à décollage et atterrissage verticaux (eVTOL) ainsi que des aéronefs électriques à décollage et atterrissage conventionnels (eCTOL). BETA déploie également des stations de recharge à travers l’Amérique du Nord et offre des programmes de formation aux pilotes.
Faire mieux avec moins
Le PDG Kyle Clark a partagé sa philosophie avec les membres de la délégation : concevoir dans la simplicité. BETA fabrique presque tous ses composants à l’interne, ce qui permet de réduire la complexité et de renforcer la fiabilité.
Cette approche évoque la célèbre maxime de l’architecte Mies van der Rohe, « less is more », qui met en avant la simplicité et la fonctionnalité dans le design. Ses principes ont façonné des générations de concepteurs modernes dans de nombreux domaines — y compris, manifestement, celui de l’aviation. Des systèmes plus simples comportent moins de points de défaillance, un enjeu crucial en aéronautique.
Chez BETA, les ingénieurs et les dirigeants pilotent eux-mêmes les avions qu’ils conçoivent. Cette implication directe garantit que chaque décision de design est pensée à partir de l’expérience réelle. Cette approche transversale permet aussi à tous de comprendre comment leur travail influence l’exploitation globale.
Lors de notre visite, certains membres de la délégation ont pu survoler Burlington et le lac Champlain à bord de leur avion électrique ALIA CTOL. Le retour était unanime : le vol était étonnamment silencieux et fluide. Ce fut un privilège de découvrir ces entreprises inspirantes et d’échanger sur un avenir de l’aviation qui semble désormais à portée de main.
Mieux servir les communautés
En tant que firme d’architecture, nous réfléchissons constamment à la manière dont nos projets peuvent avoir un impact positif sur les personnes et les communautés. Les innovations que nous voyons émerger dans le monde de l’aviation ouvrent la voie à de nouvelles possibilités pour nos projets, nos clients et la société dans son ensemble.
Ce qui me frappe dans ces projets, ce n’est pas seulement l’innovation de la technologie, mais son intention. BETA construit les infrastructures nécessaires aux vols électriques. Unither, de son côté, se spécialise dans la livraison d’organes destinés à la transplantation et collabore avec des entreprises comme BETA pour résoudre les enjeux logistiques liés à leur transport. Ensemble, ils cherchent à rendre les soins de santé plus accessibles, peu importe où l’on se trouve.
C’est une ambition qui fait écho à celle des pionniers de 1944 : offrir des services fiables, efficaces et à coût abordable à tous. Aujourd’hui comme hier, l’aviation n’est pas une fin en soi, mais un moyen de mieux servir les communautés.
Quatre-vingts ans après avoir imaginé l’avenir de l’aviation, nous voyons aujourd’hui cette vision prendre forme. Et cette fois, il ne s’agit pas seulement de voler plus loin ou plus vite, mais d’utiliser l’aviation pour servir l’humanité d’une manière autrefois inimaginable.